L’autorité pour lier et délier
Une autre base juridique de l’exercice de l’autorité du chrétien, c’est l’autorité accordée à l’Église pour lier et délier. Jésus introduit le sujet alors qu’il était avec Ses disciples dans la contrée de Césarée Philippe. Selon l’évangéliste Marc, Il était sur le chemin. Donc Il était probablement à l’extérieur de la ville et positionné avec Ses disciples de telle sorte à pouvoir voir les vestiges et monuments de la ville.
Le cadre a son intérêt. La ville, qui auparavant appartenait à la tribu de Dan était maintenant peuplée presque majoritairement de non-juifs. On est loin de l’agitation de la Galilée. Philippe le Tétrarque avait rebâti la ville et l’avait nommée en l’honneur de Tibère César. Il y a ajouté son propre nom, la différenciant ainsi de l’autre Césarée qui a joué un rôle si capital dans l’Église primitive. Césarée de Philippe était une ville remplie de vestiges de temples et monuments en l’honneur de divinités diverses.
Une Église invincible
C’est dans ce cadre religieux et politique que Jésus évoque la question de Sa propre identité. C’est là où Il annonce pour la première fois l’émergence de Son assemblée, l’ecclésia, celle qui devait exercer la vraie autorité sur la terre, donnée par le seul vrai Dieu. Il commence par interroger Ses disciples.
Mat. 16:13-15
Jésus arriva dans le territoire de Césarée de Philippe. Il demanda à ses disciples : « Qui suis-je, d’après les hommes, moi le Fils de l’homme ? » Ils répondirent : « Les uns disent que tu es Jean-Baptiste ; les autres, Élie ; les autres, Jérémie ou l’un des prophètes. »
C’est évident que Jésus n’a laissé personne indifférent. Chacun avait son idée sur Lui. Certains Le prenaient pour Jean-Baptiste, d’autres Élie, d’autres encore Jérémie ou un autre prophète. Ils savaient qu’Il était quelqu’un de singulier, mais ils étaient ô combien loin de la vérité. Et là Jésus leur demande :
Mat. 16:16 « Et d’après vous, qui suis-je ? » leur dit-il. Simon Pierre répondit : « Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant. »
C’est un moment puissant et hautement significatif où Pierre répond en déclarant qu’Il est le Messie, le Fils du Dieu vivant. De tels moments sont rares dans l’histoire de l’humanité. Il reconnaît la mission de Sauveur du Christ avant même l’inauguration de la nouvelle alliance. Il reconnaît aussi Sa divinité. C’est une puissante confession de foi, inspirée par le Père Lui-même. Écoutons le Seigneur.
Mat. 16:17-18
Jésus reprit la parole et lui dit : « Tu es heureux, Simon, fils de Jonas, car ce n’est pas une pensée humaine qui t’a révélé cela, mais c’est mon Père céleste. Et moi, je te dis que tu es Pierre et que sur ce rocher je construirai mon Église, et les portes du séjour des morts ne l’emporteront pas sur elle.
Jésus confirme que la confession de foi de Pierre est déclenchée par une révélation divine. Il devient le précurseur de tous ceux qui sous l’inspiration du Saint-Esprit vont faire la même confession.
Tout de suite, une grande nouvelle. Jésus annonce Son œuvre de construction de Son « Église » du grec « ecclésia ». Ce sera Son assemblée séparée et différente de toute assemblée humaine, naturelle, spirituelle et indestructible.
Elle sera bâtie par Jésus Lui-même. Et elle saura avancer dans sa mission et résister à toute tentative de lui nuire. La mort ne saura l’arrêter, Jésus Lui-même en a été vainqueur. Et celui qui détenait le pouvoir de la mort et ses acolytes ne sauront prévaloir sur elle. La puissance et l’invincibilité de Son ecclésia sont ainsi annoncées. Mais ce n’est pas tout.
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Les clefs d’autorité
Matthieu 16:19
Je te donnerai les clefs du royaume des cieux : ce que tu lieras sur la terre aura été lié au ciel et ce que tu délieras sur la terre aura été délié au ciel.
Pierre, le premier à confesser le Christ reçoit donc cette promesse, qui non seulement est valable pour tous les autres apôtres, mais aussi pour tout chrétien. Il y a deux éléments qui retiennent notre attention dans ce passage. Premièrement les clefs du royaume. Tout au long de Son ministère, Jésus a enseigné sur le royaume de Dieu et annoncé son imminence. Maintenant, Il annonce Son ecclésia et informe le premier membre, pour ainsi dire, qu’il recevra les clefs du royaume.
Que représentent ces clefs ? Les clefs représentent l’autorité accordée, l’accès à un lieu, la capacité de donner cet accès à d’autres, mais aussi l’accès à la connaissance, au savoir et aux principes fondamentaux. Les clefs du royaume permettent ainsi d’accéder à tout ce que contient le royaume de Dieu et à y faciliter l’accès à d’autres. Ces clefs sont nécessaires pour l’exercice effectif de l’autorité. Les clefs permettent de saisir les principes du royaume, de s’y conformer et par conséquent de jouir de ses bienfaits.
Annoncer l’Évangile, c’est utiliser les clefs pour faciliter l’accès à d’autres. Appliquer les principes du royaume, c’est utiliser les clefs pour la manifestation de la volonté de Dieu pour d’autres et soi-même. Jésus évoque la clef de la connaissance en reprenant sévèrement les professeurs de la loi qui ont enlevé la clef de la connaissance.
Luc 11:52
Malheur à vous, professeurs de la loi, parce que vous avez enlevé la clef de la connaissance ; vous n’êtes pas entrés vous-mêmes et ceux qui voulaient entrer, vous les en avez empêchés.
La notion de clef comme symbole d’autorité revient à plusieurs reprises dans la Parole de Dieu. Le prophète Esaïe annonce la destitution de Shebna et son remplacement par Eliakim. Eliakim recevra du Seigneur le pouvoir, des vêtements d’autorité et la clef de la maison de David. Il ouvrira et personne ne peut fermer, il fermera et personne ne peut ouvrir. Il est considéré par certains comme une figure représentative du Messie.
Ésaïe 22:20-22
« Ce jour-là, j’appellerai mon serviteur Eliakim, le fils de Hilkija. Je lui ferai enfiler ta tenue, je lui mettrai ta ceinture et je remettrai ton pouvoir entre ses mains. Il sera un père pour les habitants de Jérusalem et pour la communauté de Juda. Je mettrai sur son épaule la clef de la maison de David : quand il ouvrira, personne ne pourra fermer, et quand il fermera, personne ne pourra ouvrir. »
Une autre image puissante concernant les clefs d’autorité se trouve dans Apocalypse 3 où Jésus se présente comme Celui qui détient les clefs de la maison de David. Il est Celui qui ferme et personne ne peut ouvrir, qui ouvre et personne ne peut fermer. Il détient toute autorité et tout pouvoir dans le Royaume de Dieu.
Apocalypse 3:7
“Ecris à l’ange de l’Église de Philadelphie : « Voici ce que dit le Saint, le Véritable, celui qui a la clef de David, celui qui ouvre et personne ne pourra fermer, celui qui ferme et personne ne pourra ouvrir : »”
Il est aussi Celui qui tient les clefs de la mort et du séjour des morts (Apocalypse 1:3). Ainsi, donner les clefs à l’Église, c’est conférer une autorité puissante pour agir dans les affaires du Royaume, agir pour le Père dans le monde. C’est l’autorité pour ouvrir et fermer, pour lier et délier. Qu’est-ce que lier et délier ?
Lier et délier
Revenons sur notre passage.
Matthieu 16:19
Je te donnerai les clefs du royaume des cieux : ce que tu lieras sur la terre aura été lié au ciel et ce que tu délieras sur la terre aura été délié au ciel.
Et dans la version du Semeur
Matthieu 16:19 (BDS)
Je te donnerai les clefs du royaume des cieux : tout ce que tu interdiras sur la terre sera interdit aux yeux de Dieu et tout ce que tu autoriseras sur la terre sera autorisé aux yeux de Dieu.
Le mot lier (deo[i]) dans son sens littéral est le même utilisé pour le démonique des Gérasènes où il est dit que personne ne pouvait le lier, même pas avec des chaînes. Autre exemple de son utilisation, le geste prophétique d’Agabus le prophète, qui a lié ses propres mains et pieds avec la ceinture de Paul pour montrer comment celui à qui appartenait la ceinture serait lié à Jérusalem. Sur le plan figuratif, lier c’est interdire, contrôler, contraindre, faire obstruction, restreindre, fermer, bloquer, arrêter et briser. Délier c’est autoriser, permettre, libérer, laisser se manifester, ouvrir.
Maintenant, notez la nuance dans le sens des deux traductions. Ce qui ressort de ce passage c’est que ceux qui confessent Jésus, Son ecclésia, seront revêtus d’autorité pour interdire ou permettre des choses sur la terre. Ils auront et la capacité et la responsabilité de légiférer non pas selon leurs désirs, mais selon la volonté du Père. Ce que nous autorisons doit correspondre à la volonté de Dieu et recevra le soutien de Dieu. C’est suivre les pas de Jésus pour ne dire que ce que dit le Père et ne faire que ce que fait le Père. Nous avons le droit d’interdire ce que le Père a interdit et de permettre ce que le Père a permis.
Cela correspond aussi à la prière que Jésus nous a apprise, nous prions pour que Sa volonté soit faite sur la terre comme dans le ciel. Dans le chapitre suivant, nous verrons les différents domaines où cette autorité doit être exercée pour lier et délier. Il ne s’agit pas simplement de hurler sur les démons, il s’agit d’amener à l’existence ce que Dieu veut et de détruire ce qui ne devrait pas exister.
Encore une fois, Pierre est le premier, mais non l’unique destinataire de ces propos, car Jésus les réitère dans Mattieu 18:18. Cette fois-ci, le Seigneur s’adresse à tous les apôtres. Et c’est dans le contexte de l’Église. De nouveau Il affirme.
Matthieu 18:18
Je vous le dis en vérité, tout ce que vous lierez sur la terre aura été lié au ciel et tout ce que vous délierez sur la terre aura été délié au ciel.
Et dans la traduction du Semeur
Matthieu 18:18 (BDS)
Vraiment, je vous l’assure : tout ce que vous interdirez sur la terre sera interdit aux yeux de Dieu et tout ce que vous autoriserez sur la terre sera autorisé aux yeux de Dieu.
L’histoire suivante, relatée par Mahesh Chavda, dans son livre[ii], illustre une des dimensions de l’exercice de l’autorité pour lier et délier. Il était étudiant au Texas lorsqu’il a reçu une parole claire du Seigneur lui disant d’aller à Dallas un week-end particulier. Il ne savait pas pourquoi et a décidé d’assister à une conférence qui s’y déroulait le week-end en question. Il s’est fait héberger chez un ami et a assisté fidèlement à la conférence, toujours sans savoir pourquoi Dieu voulait qu’il aille à Dallas.
Il a constaté toutefois que l’ami qui l’hébergeait était assez mal en point. Sa femme l’avait quitté, rien n’allait dans sa vie et il faisait de son mieux pour élever seul ses enfants en bas âge. Mahesh aurait voulu lui annoncer l’évangile, mais il sentait à chaque fois le Seigneur l’arrêter quand il essayait de le faire, il commençait à se demander s’il avait vraiment entendu la voix de Dieu. Mais avant son départ, il s’est passé quelque chose qui lui a permis de comprendre la vraie raison pour laquelle il était là.
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Témoignage
“Le dernier jour de mon séjour, mon ami et moi avons été invités chez la femme qui gardait ses enfants dans la journée. En allant chez elle en voiture, j’ai encore demandé au Seigneur si je devais lui annoncer l’Évangile. Encore une fois, la réponse était « non ». Je me demandais encore pourquoi j’avais fait ce long voyage, et nous avons tourné pour entrer dans la rue de la femme pour voir devant nous quelque chose qui ressemblait à une scène dans un film d’horreur”.
La femme était debout dans la cour devant sa maison en tenant dans ses bras l’enfant de mon ami couvert de sang. Hystérique, elle pointait en direction de la cour arrière et hurlait « Il est en train de tuer mon mari ! Il est en train de tuer mon mari ! » En voyant sa fille, mon ami est entré dans une telle panique que j’ai dû le laisser dans la cour avant avec la femme et je suis parti à la recherche du mari.
Mon cœur battait sous l’effet de l’adrénaline et j’ai couru vers la cour arrière. En tournant au coin de la maison, j’ai vu le plus grand berger allemand que je n’avais jamais vu en train d’attaquer le mari de la femme. Il y avait du sang partout. Le chien avait manifestement attaqué l’enfant, et lorsque l’homme est venu à sa rescousse, le chien s’est retourné contre lui. L’attaque violente avait causé la rupture des vaisseaux sanguins principaux. L’homme s’est écroulé par terre lorsque je suis arrivé sur la scène.
Au même moment, le Saint-Esprit m’a dit, « Voici pourquoi je t’ai envoyé ». Le chien fou a levé la tête pour me regarder au même moment où j’ai reçu cette instruction du Seigneur.
« Merci beaucoup ! » je pensais. J’ai regardé autour pour chercher quelque chose pour me défendre et j’ai saisi ce que j’avais sous la main, une chaise de jardin en plastique et un balai fragile. Le cœur dans ma bouche, j’ai manié mes ridicules armes en m’approchant du chien. Il grognait en montrant ses dents et s’apprêtait à bondir quand j’ai entendu le Seigneur dire, « Lie-le. »
Je commençais juste à apprendre les choses de l’esprit et je me suis dit, « Le lier ? Je n’ai pas de cordes. » Et là le chien a bondi sur moi et tout d’un coup j’ai eu la révélation de ce que voulait dire le Seigneur. « Je te lie au nom de Jésus », j’ai crié. Le chien a cogné un mur invisible et est retombé en arrière par terre ; il est resté là en gémissant et en tremblant de peur alors que j’ai couru vers l’homme.
Nous avons appelé une ambulance, mais il avait perdu tellement de sang qu’il a cessé de respirer avant l’arrivée de l’ambulance. Assis à côté de lui, j’ai pensé, « Seigneur, Tu ne m’as pas amené jusque-là pour voir cet homme mourir. » J’ai mis ma main sur sa poitrine et j’ai dit, « Au nom de Jésus, souffle, reviens. » Mon ami et sa fille m’ont rejoint et j’ai continué à prier pendant ce qui semblait être des minutes. Tout d’un coup, l’homme a émis un long soupir et est revenu à la vie.
Mon hôte et moi sommes montés dans l’ambulance pour accompagner l’homme à l’hôpital. Une fois arrivés, les deux hommes me regardaient avec incrédulité. L’un est revenu de la mort et l’autre a assisté à sa résurrection ! La famille entière fut délivrée ce jour-là.
« Maintenant, conduis-les à Moi », j’ai entendu Dieu me donner cette instruction. Comme vous pouvez imaginer, c’était facile pour eux d’accepter Jésus, ayant vu Son autorité au milieu d’une tempête démoniaque.
Ma rencontre ce jour-là était ma première expérience de l’autorité absolue que nous avons dans le nom de Jésus sur toutes les puissances du monde démoniaque. C’est une leçon que je n’oublierai jamais, et c’est une illustration vivante pour chacun de nous alors que nous sommes confrontés à l’opposition et à la force de destruction de l’ennemi de nos âmes. »
Ce témoignage est poignant parce qu’il montre la bonté et la prescience de Dieu aussi bien que la coopération entre un être humain et Dieu. La compréhension de notre autorité est essentielle pour la délivrance de nos proches et de nos nations. Deux familles transformées parce qu’un homme a osé exercer l’autorité. Lié, le démon qui rendait le chien fou a été neutralisé. À coup de bâton ? Non. Par l’exercice de l’autorité au nom de Jésus.
En effet, nous sommes envoyés par Jésus pour exercer l’autorité en Son nom, pour dominer en Son nom. De la même façon que le Père L’a envoyé en mission, Il nous a envoyés en mission. Nous continuons Sa mission avec Ses moyens. Il a été envoyé avec autorité et puissance, nous sommes envoyés avec autorité et puissance. Il a été envoyé pour établir le règne de Dieu, nous aussi. Il a été envoyé pour détruire les œuvres du diable, nous sommes envoyés pour accomplir Son mandat.
Jean 20:21
Jésus leur dit de nouveau : « Que la paix soit avec vous ! Tout comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie. »
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