Vous ne manquerez pas d’apprécier ces quelques réflexions de Camille Paglia, auteur féministe, libéral de gauche. Elle a écrit un article sur Sarah Palin dont la teneur est plutôt positive où elle livre, entre autres, ses propres pensées au sujet de l’avortement. Elle écrit ceci
“Mais la position ‘pro-life’ (anti-avortement), qu’elle soit basée sur l’orthodoxie religieuse ou pas, est beaucoup plus évoluée sur le plan éthique que ma propre doctrine d’accès non limité et à la demande, à l’avortement. Mon argument (exposé dans mon premier livre, “Sexual Personae,”) a toujours été que la nature a un plan maître qui consiste à pousser toutes les espèces à procréer, et que nous avons le droit et même le devoir, en tant qu’êtres humains rationnels de défier le fascisme de la nature. La nature elle même opère des massacres en masse, conduit des expériences cruelles et désinvoltes et condamne à mort 10 000 afin qu’un seul, sain, puisse vivre et croître.
Ainsi j’ai toujours reconnu avec honnêteté que l’avortement était un meurtre, l’extermination de l’impuissant par le puissant. Les libéraux pour la plupart ont cherché à esquiver les conséquences éthiques de leur acceptation de l’avortement: l’élimination de vrais individus et non d’un amas de tissus sans vie. J’estime que l’État n’a aucune autorité pour intervenir dans les processus biologiques du corps d’une femme; ces processus ayant été crées par la nature avant l’entrée de la femme dans la société et son accession à la citoyenneté.
De l’autre côté, je suis en faveur de la peine de mort pour des crimes atroces (tels le viol et le meurtre, et le meurtre d’enfants). Je n’ai jamais compris chez les Démocrates le jumelage du soutien à l’avortement et de l’opposition à la peine de mort. On aurait pensé que ce sont les coupables et non les innocents qui méritent l’exécution.”
Surprenant, mais honnête et lucide ; ainsi l’auteur a le mérite de reconnaître une évidence que des gens autrement intelligents refusent de regarder en face – le bébé dans le ventre est un être humain, plus ou moins développé physiquement; lui ôter la vie équivaut à un meurtre. Nous ne pouvons pas prétendre qu’il en soit autrement, où que nous n’en savons rien, comme Barack Obama lors de ce fameux débat. Quelles conclusions peut on ensuite en tirer?
Pour Camille Paglia, le seul fait qu’il s’agisse d’un être humain ne suffit pas à lui garantir la protection de l’Etat. Son argument est simple, malheureusement cet être humain se trouve impliqué dans et dépendant des processus biologiques de la femme, lesdits processus selon Paglia échappant à la juridiction de l’Etat, elle a donc le droit de disposer de cet humain à son gré ; et ce, qu’elle ait volontairement participé à l’amener à l’existence (relations sexuelles consentantes) ou pas (en cas de viol). Nous sommes passés de l’horreur à la décriminalisation et de la décriminalisation à la banalisation d’une solution si finale. La question de la responsabilité se pose et des limites de la liberté.
La société est régie par des principes tel le respect de l’autre où la considération due à l’autre. Ai-je le droit de jouir pleinement de tout ce qui m’appartient au risque d’incommoder fortement autrui et de le priver de ses droits les plus élémentaires; en l’occurrence la possibilité même d’exister? Ne serait-ce pas un abus de pouvoir et une violation flagrante des droits de l’autre sans son consentement? Pouvons nous encore parler du droit de la femme a disposer de son ‘propre’ corps, dès lors que ce corps n’est plus à elle seule, et qu’il est désormais provisoirement partagé avec une autre vie. Qu’en est-il du droit de cette autre personne à vivre, à avoir un avenir, une histoire ? Doit elle payer les erreurs de ses géniteurs ?
Et que penser de cette phrase troublante au sujet du jumelage du soutien à l’avortement et de l’opposition à la peine de mort
“ On aurait pensé que ce sont les coupables et non les innocents qui méritent l’exécution.
En effet, comment peut on exiger avec véhémence que des personnes ayant commis des crimes atroces aient la vie sauve alors que l’on clame avec tout autant de véhémence que des bébés non nés coupables de rien sinon d’exister, ne peuvent jouir du même droit? Avons nous subi un tel lavage de cerveau idéologique que nous ne voyons guère le paradoxe inhérent à cette position?
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