Rwanda – le génocide, histoires personnelles

Un de mes amis Patrick est en voyage au Rwanda, il m’a autorisé à publier des extraits de ses rapports email. Les noms des personnes sont bien sur modifiés pour les protéger. Voici donc le rapport de Patrick.

‘Hier, j’ai assisté à mon premier culte ici et quelle différence! La majorité des personnes étaient des survivants et des orphelins du génocide. Les chants étaient absolument merveilleux et une vraie bénédiction. La grâce de Dieu était présente et ça se sentait.

Ensuite, place aux témoignages.

Les leaders ont appris au fil des ans que les témoignages étaient bénéfiques de plusieurs manières.

  • D’abord, c’est l’occasion de rendre gloire à Dieu et Le remercier d’avoir sauvé et guéri des personnes.
  • Deuxièmement, le témoignage public contribue à davantage enlever le poison et les dégâts causés dans la vie de la personne qui rend témoignage.
  • Pour terminer, cela veut dire que les nouvelles personnes qui arrivent à l’église brisées peuvent voir d’autres comme elles, qui eux sont passés par l’enfer, et cela leur donne de l’espoir et les encourage, et permet de bâtir la confiance et ainsi ils commencent à s’ouvrir.

Mama Jo et la jeune femme
L’une des Anciennes, Mama Jo nous encourageait et nous exhortait à adorer et louer Dieu avec tout notre être. Mama Jo s’est retrouvée veuve pendant le génocide et a perdu huit enfants durant cette période.

Mama Jo nous a raconté l’histoire d’une jeune femme qui avait encouragé les gens dans une des églises à louer Dieu de tout leur être en disant que s’ils ne le pouvaient pas ou ne voulaient pas, c’est qu’il y a quelque chose qui cloche. Cette jeune femme elle était heureuse et reconnaissante de louer Dieu en levant vers Lui ses mains sans doigts.

Pendant le génocide, elle travaillait comme bonne dans une famille Tutsi lorsque la foule est arrivée pour tuer la famille Tutsi. Elle s’est enfuie avec un des bébés pensant qu’elle serait en sécurité vu qu’elle était Hutu. Malheureusement les meurtriers ont compté le nombre de victimes dans la maison et ont conclu que l’un des bébés avait été sorti de la maison pour le protéger. Ils ont retrouvé la fille et le bébé. Ils ont tué le bébé et ils ont puni la fille en lui coupant les doigts.

Autre jeune femme
Une autre jeune femme a donné son témoignage avant d’entonner un chant de louange à Dieu. Elle habitait chez des gens après le génocide, et ne voulant plus d’elle, l’homme de la maison avait décidé de la tuer. Quelque temps après il lui a téléphoné pour lui demander pardon et pour donner sa vie à Jésus. C’était cela en résumé, l’interprète essayait tant bien que mal à suivre.

12 veuves
Vers la fin du culte, nous avons prié pour 12 veuves âgées de plus de 50 ans qui avaient perdu tous les membres de leur famille y compris la belle famille, aussi bien que tous leurs biens. En dépit de cela, elles ont pu mettre leur confiance en Dieu et Le louer pour leurs vies.

Alex
Nous sommes allés au musée du génocide de Kigali l’après midi et ensuite sur le lieu ou 12 soldats belges avaient été massacrés alors qu’ils protégeaient le premier ministre, en avril 1994. L’un des soldats avait sauvé la vie de notre guide Alex, lui même survivant, et membre du ministère Solace.

La milice avait entouré la maison d’Alex avec l’intention de le tuer, le soupçonnant d’être un agent du RPF. Il a appelé son évêque méthodiste qui lui a plus ou moins dit de mettre sa confiance en Dieu et mourir; il a appelé Compassion International qui lui ont dit qu’ils ne pouvaient l’aider car c’était trop dangereux; il a fini par appeler un de ses cousins qui a contacté le soldat belge. Le soldat en a informé ses camarades et ils ont décidé de violer les règles et d’aller à sa rescousse. ’

C’était avant la mort des présidents rwandais et burundais. Alex a perdu 152 membres de sa famille. Lui et Aline son épouse se sont rencontrés et se sont mariés après le génocide. Ils ont 4 enfants  à eux et au moins deux adoptifs. L’une des filles adoptives avait assisté à ce qui était arrivé à certains des membres de sa famille mais ne peut en parler, elle fond simplement en pleurs. L’épouse d’Alex, elle, elle n’a pu recommencer à sourire et rire que récemment.

Centre du Ministère Solace
Après, nous sommes allés à un centre administratif Solace à dix minutes de Kigali en voiture. Nous avons été accueilli par un grand nombre de personnes reconnaissantes, qui chantaient des chants de louanges. Il y au deux solos, ensuite Alex a prêché et interprété. Beaucoup des personnes présentes étaient séropositives parce qu’ayant été violées lors du génocide.

Philippe
Il y avait là un jeune homme du nom de Philippe qui nous a raconté son voyage en enfer à l’âge de 11 ans. Sa famille a été tué, sa mère a subi des sévices et ce, devant lui, son père a été décapité. Lui a pu s’échapper mais il a été repris par des femmes qui l’ont attaché à un arbre et l’ont fait souffrir. Il a été sauvé par le RPF; il a retrouvé deux de ses jeunes sœurs dont il s’occupe depuis.

Nous avons conclu en chant et en remerciements à Dieu.

Patrick
J’ai passé la soirée avec mon contact Solace au Novotel de Kigali où j’ai ressenti une vive émotion et j’ai failli fondre en larmes pendant que j’expliquai comment j’étais venu à m’intéresser au Rwanda.’

Que dire? On se sent bien petit lorsqu’on pense à nos plaintes et problèmes. Quel défi d’exercer le ministère auprès de personnes ayant vécu des choses si dures, et quelle inspiration de les voir louer Dieu. Vous et moi n’avons franchement pas d’excuse.

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