Je suis sortie en courant de la maison attrapant au passage la première écharpe sur laquelle j’ai mis la main, une trop grande, trop épaisse qui ne pouvait être tenue en place par mon imperméable légère. Depuis que je n’ai plus de véhicule je cours pour prendre le bus et cours pour le train et cours pour arriver à l’heure à ma réunion. Enfin dans le bus je ne pouvais plus courir et attendais impuissante que la circulation se dégage pour espérer prendre le seul train qui me permette d’arriver à l’heure. Je suis arrivée une minute avant le départ prévu sauf que le train lui n’y était pas, il avait du retard. Enfin arrivé nous sommes partis, une correspondance plus tard me voici à Charles de Gaulle Etoile, je me lève pour sortir, rassemble péniblement sac, mallette d’ordinateur et grosse écharpe récalcitrante que je traine sur la plateforme en cherchant l’accès à l’autre quai pour ma correspondance. J’arrive à la porte du train en face enfin et elle m’est fermé sous le nez. Déception momentanée, sauf bonheur, je vois le suivant arriver, mais voilà qu’une annonce est faite sur les haut parleurs ‘le train qui entre en gare ne prend pas de voyageurs’. Je constate alors une chose curieuse, en dépit de l’annonce, plusieurs fois répétée, clairement énoncée, plusieurs voyageurs vont essayer vainement d’ouvrir les portes du train, au même moment ou passe l’annonce, et en insistant, certains jusqu’à ce que le train reparte.
Spectacle banal, mais qui porte à réfléchir. Pourquoi ces personnes manifestement dotées d’une ouie et d’une connaissance de la langue française raisonnablement correcte, ont-elles continué à faire tout le contraire de ce qui était dit et répété à plusieurs reprises. Simple, elles n’écoutaient pas, donc n’entendaient pas, donc ne comprenaient pas. Elles avaient leur petite idée, arriver au travail, à la crèche, la conséquence dans le cas présent n’était pas grave, un petit embarras passager au pire des cas, mais combien de fois le manque d’écoute, d’attention nous coûte cher, très cher?
L’écoute n’est pas automatique. Nous sommes plus enclins à nous exprimer qu’à écouter. J’ai déjà eu des gens me parler pendant des heures et ne même pas se soucier du fait que je n’ai rien dit. Ils pensent que tout va bien tant que je les écoute. Et quand finalement je dis quelque chose, ils n’entendent pas, et continuent sur leur lancée.
Les gens viennent pour le conseil et parlent non stop, vous dites quelque chose, ils le récusent vite et se lancent encore dans d’interminables explications. Ils sont convaincus que si vous saviez tout vous seriez d’accord avec eux, mais si je suis d’accord avec eux je ne pourrais plus les aider car ce qu’ils pensent ne les a pas aidé jusque là. Ils ont peut-être besoin d’écouter quelqu’un qui leur dira autre chose que ce qu’ils savent et pensent déjà. Et même quand nous ne parlons pas, est-ce que nous écoutons toujours.
Dans la formation des interprètes le premier élément est de développer l’écoute. Beaucoup de gens autrement extrêmement doués en langues font de très mauvais interprètes parce qu’ils ne savent pas écouter. or à défaut d’une écoute attentive on ne peut reproduire le sens d’un discours, on ne reproduit que des mots. Faites un essai à la sortie d’un culte, demandez aux gens ce qu’ils ont retenu du message, vous en serez étonnés. Mieux encore, deux, trois jours plus tard, répétez la procédure.
La parole de Dieu doit être écoutée, attentivement. J’encourage les gens quand je prêche à pratiquer une écoute attentive et active. Puisque vous êtes là, autant en tirer quelque chose, écoutez attentivement. Les traditions ont la vie longue même chez des charismatiques, louange, prédication, bénédiction et nous avons accompli notre devoir religieux. Mais est-ce que vous écoutez? Combien de fois vous prêchez sur un sujet le dimanche et en semaine quelqu’un vient réclamer avec empressement votre attention pour vous exposer un problème et vous voyez tout de suite qu’il n’a rien retenu de l’enseignement du dimanche, il l’aurait retenu, il aurait eu la réponse à sa question. Il est si facile de somnoler, de se laisser aller à ses propres pensées pendant les élucubrations du prédicateur, si seulement nous pouvions écouter; et écouter avec l’intention d’apprendre et non de critiquer. Ecouter la parole de Dieu a transformé ma vie et continuera à le faire, j’y tiens.