Séville – à la recherche des évangéliques

Le dimanche matin à Séville, je suis allée à la réception de l’hôtel pour demander les directions pour me rendre à l’église où je devais aller assister au culte. Après une recherche intensive, la jeune femme à la réception m’a informée que malheureusement elle ne pouvait la trouver sur la carte. Elle s’est ensuite proposée pour faire une recherche sur internet et m’a demandée ce que j’avais entré dans Google auparavant. Je lui ai dit ‘églises évangéliques Séville’. Peu de temps après, elle est revenu vers moi en compagnie d’une autre jeune femme qui a affirmé connaître une église dans le voisinage, dont elle avait oublié le nom, ainsi je ne devais pas me donner toute cette peine. J’ai insisté qu’elle recherche celle que j’avais citée, et s’en est ensuit une conversation des plus instructives.

Les deux ont voulu savoir, qu’est-ce que je recherchais au juste, une église évangélique ou une église chrétienne? Prise de court, et plutôt étonnée, j’ai demandé où était la différence, les églises évangéliques étaient belle et bien chrétiennes non? Elles ont soutenu que non, les églises évangéliques étaient différentes des églises chrétiennes, et elles supposaient que ce qui m’intéressait moi, c’était une église chrétienne. Je n’en revenais toujours pas et j’ai réitéré que à ce que je sache les évangéliques étaient bien des chrétiens. Non, du tout, d’un côté il y a les évangéliques et de l’autre côté les chrétiens, insistaient elles, et ensuite de dire, ‘les évangéliques sont les témoins de Jéhovah et les gitans, ce ne sont pas des chrétiens’. Pourquoi, continuaient-elles je n’allais pas à la Cathédrale. Parce que, ai-je répondu, je ne suis pas Catholique, et sur ce, je leur ai expliqué en quelques mots l’existence des protestants et des évangéliques.

Ensuite je leur ai propose de ‘googler’ églises pentecôtistes, ce qu’elles ont fait. Heureusement nous avons pu en trouver une ; elle leur a parlé au téléphone et m’a aidé à m’y rendre. A mon retour, elle s’est excusée de sa méprise en disant qu’elle venait d’un tout petit village où les seuls évangéliques sont des gens du voyage. Soit, mais son acolyte ne venait, à priori pas du même village ; et comment expliquer l’aspect témoin de Jéhovah ? Ces jeunes femmes n’étaient pas méchantes, loin s’en faut, leurs perceptions témoignent simplement de la faible pénétration de l’évangile en Espagne et en Europe de façon générale. Et même ceux qui se disent Catholiques, y ajoutent souvent ‘non pratiquant’ ; et pour ce qui est des évangéliques, eh bien, c’est le grand inconnu, cette conversation en témoigne.

Bien sur les perceptions ne sont pas figées dans le marbre, elles sont sujettes au changement. Je me souviens, lorsque j’étais à la fac, au Nigéria, il était coutume de se moquer des chrétiens ‘nés de nouveau’, les ‘Born again’, qui d’ailleurs s’en moquait éperdument. Et tout d’un coup la contagion s’est répandue, des personnes autrement intelligentes, dont un de mes profs, à mon grand chagrin, ont rejoint ces groupes tellement honnis. Comment réconcilier l’intelligence que je lui connaissais à ce nouveau choix d’obédience. Ainsi, dans le pays, surtout au Sud, ce qui, au début ressemblait à un groupe marginal de chrétiens (oui, tout de même) ‘extrémistes’ a réussi à s’imposer, à agrandir sa sphère d’influence et devenir un acteur de plein droit dans le paysage religieux.

D’autres pays ont vécu des changements similaires. Selon Timothy Keller, en l’espace d’une centaine d’années, la Corée est passée de 1% de chrétiens à 40%. Et les experts estiment que la Chine connaitra la même évolution, en dépit des difficultés actuelles. Ainsi les nations peuvent changer, et elles changent. La foi évangélique, si marginalisée aujourd’hui en Europe, considérée dans certains endroits, y compris notre belle France, comme une secte à craindre, gagnera ses lettres de noblesses si les chrétiens relèvent le défi. Je sais par expérience que plus les chrétiens font preuve de hardiesse, plus les non croyants acceptent leur foi ; et non pas l’inverse. Et l’inverse c’est ce que nous vivons en Europe, où nombre de chrétiens vivent leur foi dans l’anonymat, de façon souterraine afin d’éviter les critiques; où les chrétiens acceptant d’être réduits au silence face aux affirmations péremptoires de  sceptiques. Il est temps que ça change.

Le temps est venu pour manifester ouvertement une foi radicale, audacieuse, et empreinte d’amour. Le temps est venu pour les chrétiens d’Occident de se départir de leur pusillanimité, d’emboîter le pas aux chrétiens du Tiers Monde et épouser une foi courageuse et forte. Le temps est venu de s’engager fermement dans l’évangélisation, la prière et le jeûne ; de se consacrer à accroître la notoriété de Jésus, plutôt qu’à se faire constamment cajolé et choyé par le pasteur. Le temps est venu de devenir des soldats de la croix. Je suis intimement persuadée que c’est ce faisant que nous arriverons à inverser la tendance, faire connaitre la beauté de l’évangile, et pouvoir en jour parler d’une Europe chrétienne.

J’ose même rêver du jour où j’arriverai à la réception de n’importe quel hôtel en Andalousie, et je me verrai proposer, sans autre forme de procès, une longue liste d’églises de réveil par une réceptionniste, elle-même remplie du Saint Esprit. Oui, je me permets de rêver.

Pour lire cet article en anglais : Seville – in search of evangelicals